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Page:Prieur - Notes d'un condamné politique de 1838, 1884.djvu/143

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NOTES D’UN CONDAMNÉ POLITIQUE.

du pays, le bon missionnaire envoya à un journal de Sydney, dont le nom a malheureusement disparu de mes notes et que j’ai oublié, une correspondance dont voici la traduction.


« LES PRISONNIERS CANADIENS.


« M. le Rédacteur,


« J’arrive, dans le moment, de Long-Bottom, où j’ai passé deux jours avec les prisonniers politiques du Canada. Monseigneur l’Évêque leur a aussi rendu visite, il leur a donné sa bénédiction et les a encouragés à souffrir avec patience leur exil et tous les maux qui en sont inséparables.

« Quand je considère le courage de ces prisonniers et leur résignation, je ne puis concevoir comment des hommes si doux, si modestes et si bons, dont la conduite fait l’admiration de tous ceux qui en sont témoins, peuvent avoir mérité une punition aussi terrible.

« Ils ont eu le malheur de se voir arracher des bras de leurs femmes et de leurs enfants, ils ont vu leurs demeures et leurs propriétés livrées au pillage et à l’incendie, et, après des mois d’angoisses, de craintes et d’espérances trompées, passés dans le fond des cachots, ils reçurent la terrible sentence qui devait les séparer de ce qu’ils ont de plus cher au monde, pour les rejeter bannis sur une terre lointaine où ils souffrent de la privation des choses les plus nécessaires. La nourriture qu’ils reçoi-