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Page:Prieur - Notes d'un condamné politique de 1838, 1884.djvu/16

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notes d’un condamné politique.

les chefs de cette paroisse, entre autres MM. Cardinal et Duquette, venaient d’être arrêtés.

Ces arrestations avaient été exécutées par des sauvages du Sault Saint-Louis commandés par M. George de Lorimier. Par une de ces coïncidences si fréquentes pendant les révolutions, nous avions au milieu de nous, à Beauharnais, dans ce moment, l’infortuné Chevalier de Lorimier, plus tard condamné à mort et exécuté, membre de la même famille que celui qui venait de donner une si grande preuve de son zèle pour la cause opposée.

Ces arrestations avaient jeté l’alarme dans l’esprit d’un bon nombre d’anciens et respectables cultivateurs, qui, n’ayant probablement jamais eu grande confiance dans l’organisation de l’insurrection, se voyant commandés en grande partie par des jeunes gens sans expérience, prévoyaient dès lors les suites funestes immédiates d’un mouvement ainsi concerté et exécuté. Une députation d’entre eux vint s’adresser à l’infortuné Chevalier de Lorimier et à moi, pour nous proposer d’aller chercher l’honorable M. Ellice, afin de s’en faire un protecteur auprès du gouvernement, et de déposer volontairement les armes en sa présence.

Je répondis à ces braves gens que personne n’était forcé d’agir avec nous, que la délivrance de M. Ellice n’aurait pas l’effet qu’ils en attendaient, et que, pour moi, je ne pouvais prendre sous ma responsabilité un pareil acte, sans savoir