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Page:Prieur - Notes d'un condamné politique de 1838, 1884.djvu/173

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NOTES D’UN CONDAMNÉ POLITIQUE.

fois même avec sa famille ; toujours ces visites étaient pour nous des fêtes : il portait pour moi la bonté et les égards jusqu’à me faire venir au milieu des réunions champêtres de sa famille, pour m’offrir un verre de vin.

Si je ne m’étais pas posé pour règle dans ces notes d’être court et de ne me permettre aucune dissertation, cette noble conduite d’un homme, passé de la classe des condamnés à celle des citoyens honnêtes et respectables, me fournirait un thème assez fécond pour une longue digression ; mais, avec le cadre que je me suis tracé, je dois me borner à faire mention de cette belle action et à exprimer toute la gratitude dont elle m’a rempli pour son honorable auteur.

Trois mois après mon arrivée sur la propriété de mon nouveau maître, tous les prisonniers canadiens reçurent avis qu’ils allaient passer de la catégorie des loués (assigned convicts) à la catégorie des affranchis-surveillés (ticket of leave men). Sur cet avis, nous devions aller au bureau indiqué, pour y recevoir notre permis ou billet d’affranchissement, qui nous permettait d’exercer telle industrie qu’il nous plairait, pour notre compte, dans toute l’étendue du district mentionné dans le billet.

Dans le voyage que je fis à Sydney pour prendre mon billet, j’allai rendre visite au bon capitaine McLean et à mon digne propriétaire : celui-ci me dit qu’il était prêt à me conserver dans mes occupations, mais qu’il serait content de me voir en possession d’un meilleur emploi.