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Page:Prieur - Notes d'un condamné politique de 1838, 1884.djvu/19

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notes d’un condamné politique.

marche forcée soutenue par tous nos hommes avec autant de gaieté que de force et de courage. Nous trouvâmes nos amis sur leurs gardes, protégés contre toute surprise par des piquets de sentinelles jetées dans toutes les directions. Ce fut ainsi que se passa la nuit du 7 au 8.

Le 8, sur les neuf heures du matin, des sentinelles, se repliant, vinrent nous informer que les troupes s’avançaient, et bientôt nous pûmes les distinguer sans être vus, à environ un quart de lieue de nous, où elles s’arrêtèrent.

Apparemment que ces troupes étaient fatiguées, car elles ne bougèrent pas de toute cette journée, pas même pour faire des reconnaissances de notre côté. Tout ce jour et la nuit du 8 au 9 se passèrent à observer l’ennemi et à prendre nos dispositions pour la bataille maintenant imminente, entre nous, étrangers à l’art de la guerre et fort mal armés, et une troupe supérieure en nombre, bien disciplinée et armée jusqu’aux dents.

Nous avions élu pour chef M. le docteur Perrigo, un vétéran des milices de 1812, lequel devait nous trouver bien différents, sous le rapport de la discipline et de l’équipement, de ce qu’étaient nos pères, ces fortes milices régularisées qui, juste un quart de siècle plus tôt, avaient remporté cette belle victoire qu’on connaît, sur les bords de cette même rivière Châteauguay.

Nous allions, en ce moment, marcher contre ce même drapeau que défendaient alors nos