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Page:Prieur - Notes d'un condamné politique de 1838, 1884.djvu/190

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notes d’un condamné politique.

canadien. Je n’étais soumis, dans mon nouvel emploi, à aucun travail manuel : ma besogne consistait à faire l’achat du suif sur le marché de Sydney et à opérer la vente de la chandelle sur la même place, dès que nous eûmes du suif à acheter et de la chandelle à vendre, car nous mîmes environ un mois à préparer les choses.

C’était la quatrième fois que je changeais d’état, depuis mon départ de Long-Bottom ; j’avais été successivement confiseur, jardinier, forestier, et je me voyais en ce moment commis-marchand, pour la vente du suif et de la chandelle. Si les recettes n’étaient pas brillantes, la variété ne manquait pas au moins.

Je faisais, trois fois par semaine, et à pied, le trajet entre notre fabrique et la ville de Sydney, ordinairement seul, quelquefois accompagné de l’un des associés. Les choses n’allaient pas au mieux ; la plus grande partie du capital de mes bourgeois consistait en illusions pour eux et en belles promesses pour les autres. Ils n’étaient pas même parfaitement au fait de l’industrie, qu’ils avaient choisie.

Prévoyant que l’établissement ne tiendrait pas et que je finirais par n’être pas payé, j’abandonnai ma position au bout de quatre mois ; et bien m’en prit, car le résultat répondit à mes prévisions.