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Page:Prieur - Notes d'un condamné politique de 1838, 1884.djvu/189

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notes d’un condamné politique.

sur la rivière Paramata pour le marché aux lattes de Sydney.

Le lendemain, après avoir, du produit de notre cargaison, payé nos redevances et nos dettes, nous nous retrouvâmes de nouveau sur le pavé de Sydney à chercher un nouvel emploi. La chose n’était pas plus facile que l’année précédente ; la détresse durait encore et le gouvernement était toujours dans l’obligation de nourrir un certain nombre d’immigrants qui n’avaient aucun moyen de gagner leur vie. Nous fûmes obligés, M. Ducharme et moi, de nous séparer, pour chercher, chacun de notre côté, avec plus de chances de succès.

Le cinquième jour de recherches infructueuses, je rencontrai trois Français nouvellement arrivés dans le pays, avec l’intention des s’y fixer comme industriels, avec des capitaux suffisants, me dirent-ils. Ils s’étaient arrêtés à la fabrication des chandelles. Comme ils ne parlaient pas un mot d’anglais, ils me prirent pour leur interprète et leur homme d’affaire. Je pouvais me faire comprendre facilement dans cette langue apprise en prison, et dans l’exil ; mais je ne m’engageai pas aux Français comme puriste : j’étais bien loin de ce degré de perfection.

Mes bourgeois établirent leur usine à huit milles de Sydney et à quatre milles de toute habitation ; en sorte que je me trouvai de nouveau dans le bois et dans des édifices qui ressemblaient beaucoup à la cabane du chantier