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Page:Prieur - Notes d'un condamné politique de 1838, 1884.djvu/194

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notes d’un condamné politique.

mant du poivre, de la cannelle, des muscades, des bâtons de sucre à la crème pour les enfants, etc., etc. ; ceux-là peuvent se faire une idée exacte de la maison de commerce qu’allaient fonder, au moment dont je parle, leurs trois compatriotes, dans la colonie encore récente alors de la Nouvelle-Galles du Sud.

Le bois n’était pas loin de la ville d’Irish-town, aussi n’eûmes-nous pas de peine à trouver les matériaux de notre établissement. De grands éclats, ou cales de bois furent par nous préparés ; puis nous levâmes des écorces d’arbres : le tout fut traîné au site de notre future exploitation par un pacifique bœuf de travail loué pour l’occasion. Six jours après notre arrivée, trois édifices, un magasin d’épicerie, une boulangerie et une forge, venaient s’ajouter à ceux dont Irish-town s’enorgueillissait déjà.

Notre four, construit en terre glaise à la façon canadienne, qui est la meilleure, nous avons eu l’occasion de le constater, s’élevait tout près de la case où nous nous proposions de pétrir nos pâtes et de les faire lever.

La construction de ce four fut, pour beaucoup de colons qui passaient par là, un objet de curiosité extraordinaire, qui nous valut l’effet d’une bonne réclame. Il fallait voir les remarques dont cette construction était l’objet de la part de ceux qui, en grand nombre, s’arrêtaient pour nous voir travailler. Ce qui les intrigua surtout, ce fut le cintre de bois sur lequel nous bâtissions la voûte de terre du four.