Aller au contenu

Page:Prieur - Notes d'un condamné politique de 1838, 1884.djvu/205

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


XXIV

UNE ÂME GÉNÉREUSE.


Le brave négociant français avait remarqué la langueur qui me minait, et il s’était pris de compassion pour moi : il me proposa de me prendre à son service pour l’aider à liquider ses affaires, après quoi, devant partir pour l’Europe, il me promettait de m’emmener avec lui et de me fournir, au besoin, les moyens de me rendre jusqu’en Canada. Après avoir obtenu de mon patron d’alors la permission de quitter son service, j’acceptai l’offre de M. Mesnier, laquelle fut pour moi un véritable remède. Réconforté par la perspective qui m’était ainsi présentée, je me mis, avec autant de zèle que de joie, à seconder M. Mesnier dans le travail de la vente de son fonds de magasin.

Nous étions, à cette époque, tous graciés ; mais nous étions encore dix-sept à Sydney, retenus en exil par le manque de moyens. Nous nous réunissions tous les dimanches et quelquefois le soir, pour nous consoler mutuellement, parler du pays, et nous communiquer nos raisons d’espérer une prompte délivrance.

De temps à autre, partait un de nous qui avait réussi à recueillir le prix de son passage en Angleterre, trois des dix-sept dont j’ai parlé me précédèrent sur les sentiers de l’océan qui mènent au Canada.