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Page:Prieur - Notes d'un condamné politique de 1838, 1884.djvu/223

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XXVII

DE LONDRES À QUÉBEC.


Le 13 de juillet 1846, après un séjour de quatorze jours dans le sein de l’immense métropole du Royaume-Uni, je quittai les bassins de Londres à bord de l’excellent navire Le Montréal, commandé par l’aimable autant qu’habile marin, M. le capitaine Forbes. Un bateau à vapeur nous remorqua jusqu’en dehors de la Tamise et nous laissa à quelque distance des côtes de la Manche.

À peine étions-nous arrivés dans ce chenal qui sépare l’Angleterre du continent, qu’un vent tempétueux s’éleva, lequel, avec des alternatives de calme et de redoublement de rage, nous retint trois semaines à louvoyer dans la Manche. Le Saint-George avait parcouru en deux jours l’espace que nous mîmes environ dix-huit journées à franchir.

On sait que la houle et la vague de la Manche sont sans égales sur toute l’étendue des mers pour la fatigue qu’elles font endurer aux navires. Ces trois semaines de pénible navigation avaient tellement secoué la charpente du Montrêal qu’il se mit à faire de l’eau ; pendant toute la traversée, l’équipage, à son grand déplaisir souvent exprimé en termes de matelot anglais, eut à pomper plusieurs heures chaque jour.

Notre course à travers l’océan fut on ne peut plus heureuse. Le seul incident pénible qui se