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Page:Prieur - Notes d'un condamné politique de 1838, 1884.djvu/48

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notes d’un condamné politique.

courions alors. D’autre côté, il est juste comme il est consolant de dire que plusieurs officiers de l’armée et des employés civils du gouvernement d’alors ont fait preuve, à notre égard, de sentiments qui les honorent, et ont eu pour nous la conduite que les bons cœurs et les esprits honnêtes savent toujours tenir à l’endroit de ceux que le malheur a frappés.

Cela me rappelle que je ne dois pas oublier de consigner ici la noble générosité du clergé et des habitants de Montréal, qui, pendant le cours de ce triste et rigoureux hiver, n’ont pas laissé passer un jour sans apporter des secours ou des consolations aux prisonniers politiques réunis par centaines dans l’enceinte de leur ville. Plusieurs dames canadiennes, entre autres mesdames Gauvin et Gamelin[1], ont fait preuve d’une charité et d’un dévouement que ni le froid, ni la fatigue, ni les contrariétés, ni les embarras n’ont pu ébranler. Je voudrais pouvoir ici les remercier dignement, tant en mon nom qu’au nom de mes compagnons, mais les paroles sont impuissantes en pareille occurrence. Dieu seul s’est réservé le pouvoir de récompenser de telles actions ; ces nobles femmes se sont faites sœurs

  1. Madame Gauvin nous parlait souvent de son fils qui, lui aussi, avait été impliqué dans les mouvements insurrectionnels et auquel elle avait vu prendre, l’année précédente, le chemin de l’exil.
    Madame Gamelin a été, depuis, fondatrice du couvent des sœurs de la Providence à Montréal.