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Page:Prieur - Notes d'un condamné politique de 1838, 1884.djvu/47

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notes d’un condamné politique.

ce qui ne me privait cependant pas du droit de faire valoir, dans la défense de ma vie, toutes les exceptions de droit et les faits qui militaient en ma faveur.

Le 8 janvier 1839 je reçus l’ordre de me tenir prêt à comparaître devant la cour martiale ; onze de mes compagnons de captivité reçurent aussi la même injonction. Le 9 janvier, nous fûmes conduits liés, dans une voiture cellulaire, à la prison du Pied-du-Courant. En franchissant l’enceinte de cette prison, nous passâmes sous l’échafaud tout frais teint du sang de nos amis Cardinal et Duquette.

Quelques heures après notre arrivée dans ce lieu, MM. Drummond et Hart vinrent nous rendre visite dans nos cachots, et nous demander les renseignements dont ils avaient besoin pour notre défense.

De temps en temps, pendant notre captivité, certaines autorités de l’époque nous avaient fait subir des interrogatoires dans lesquels on essayait à obtenir des informations contre les principaux chefs du parti canadien, contre lesquels n’existait pas le fait de flagrant délit de prise d’armes. Je mentionne ce fait pour montrer toute l’horreur de notre situation : on sait au reste que, dans ces occasions, il ne manque pas d’hommes dont le zèle dépasse souvent l’attente des pouvoirs qui les emploient, il n’est donc pas étonnant que nous ayons rencontré de ces hommes sur la pénible route que nous par-