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Page:Prieur - Notes d'un condamné politique de 1838, 1884.djvu/57

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VI

LES CONDAMNÉS.


Nous étions donc en cellules, deux à deux ; nous demeurâmes ainsi séquestrés pendant quelques jours, durant lesquels un excellent homme du nom de Lesiége, accusé politique lui-même, mais peu compromis, faisait cuire nos aliments, dans le corridor qui séparait nos cellules et qu’il habitait. Bientôt il nous fut permis de nous réunir dans ce corridor, depuis les dix heures du matin jusqu’à quatre heures de l’après-midi : ce fut, comme on peut l’imaginer, une grande consolation pour nous, et quelque chose dont notre santé avait besoin.

Nous ne conservions pas grand espoir d’un sursis, les scènes dont nous avions été témoins étaient de nature à nous faire abandonner toute espérance ; mais quelle est la position, si désespérée qu’elle soit, qui puisse déraciner entièrement du cœur de l’homme l’espoir ou l’illusion ?