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Page:Prieur - Notes d'un condamné politique de 1838, 1884.djvu/58

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NOTES D’UN CONDAMNÉ POLITIQUE.

D’après ce que nos avocats avaient pu apprendre, nous étions, bien que réunis tous ensemble dans la même sentence de mort, classés dans les notes des juges dans l’ordre suivant de culpabilité : 1o De Lorimier, 2o J. B. Brien, 3o Joseph Dumouchel, 4o Toussaint Rochon, 5o F. X. Prieur, 6o Jos Wattier, 7o Jean Laberge, 8o Gabriel Chèvrefils, 9o Jacques Goyette, 10o Louis Dumouchel, 11o F. X. Touchette.

Pendant le cours de notre procès, un de mes généreux défenseurs, M. Hart, m’avait dit qu’il tenait de bonne source que des personnes influentes avaient présenté une pétition à Son Excellence l’administrateur Sir John Colborne, me recommandant personnellement à la clémence royale dont il était dépositaire comme représentant le souverain. Cette requête était due, me dit-on, aux efforts et aux sollicitations des excellentes dames de la famille Ellice, qui voulaient bien ainsi reconnaître les bons procédés que j’avais eus pour elles, alors que j’étais chef de troupe dans le village de Beauharnais.

Mon père et ma mère vinrent de nouveau me voir dans les premiers jours de Février. Après, les instants donnés à l’effusion des sentiments de la nature en pareilles circonstances, je parlai à mes parents de ma mort, en leur disant qu’il fallait être prêts pour le pire. Je voulais leur épargner, le cas échéant de mon exécution, les terribles scènes qui précèdent l’ascension de l’échafaud, et je leur dis que je désirais leur dire le dernier adieu la veille du jour qui serait fixé.