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Page:Prieur - Notes d'un condamné politique de 1838, 1884.djvu/90

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NOTES D’UN CONDAMNÉ POLITIQUE.

déshonorants, mais pour avoir cédé aux entraînements blâmables, sans doute, mais généreux, d’un patriotisme mal dirigé !

Je n’ai pour but, dans cette courte remarque, que de protester contre une foule d’écrits qui ont représenté les insurgés de 1837 et 1838 comme des monstres, et sont allés jusqu’à reprocher au gouvernement du temps d’avoir encouragé les révolutions, en témoignant aux coupables trop de douceur et de clémence. Un auteur, officier de l’armée, disait à ce propos dans un ouvrage publié sur le Canada et contre mes compatriotes : « Les loyaux, qui avaient beaucoup souffert pendant l’insurrection, se montraient mécontents et indignés de cette tendance à la clémence[1]. »

Aujourd’hui que les passions soulevées dans ces temps malheureux sont complètement apaisées, on peut faire sans danger à chacun sa part ; et il doit être permis, à ceux qui ont tant souffert pour leur erreur d’un moment, de démontrer, avant de descendre dans la tombe, qu’on ne doit pas les confondre avec les grands criminels, et qu’ils ont largement payé leur dette à l’ordre établi.

Le public avait appris, quelques heures avant nous, que notre sort était fixé, et les parents et amis des condamnés s’étaient hâtés d’envoyer

  1. The loyal canadians, who had suffered much during the insurrection, were discontented and indignant at this tendency to clemency.
    — Warburton, England in the New World.