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Page:Prieur - Notes d'un condamné politique de 1838, 1884.djvu/94

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NOTES D’UN CONDAMNÉ POLITIQUE.

faire qu’une opération du transbordement de tous les prisonniers à bord du bâtiment de transport qui devait les conduire tous aux terres australes.

Il était environ onze heures, le 2 septembre lorsque nous accostâmes, dans le port de Québec, le navire de transport Le Buffalo ; c’était un grand bâtiment à trois ponts, armé, je crois, de quinze à vingt canons de divers calibres et monté d’environ cent cinquante hommes d’équipage.

On nous mit des menottes et l’on nous fît passer de suite dans les logements qui nous avaient été préparés, et quels logements, grand Dieu ! C’était sur le troisième pont et bien au-dessous de la ligne de flottaison. Quand nous fûmes là, dans l’étroit et sombre espace qui devait être pendant plusieurs mois l’habitacle de nos souffrances, on nous enleva nos menottes et on nous distribua les lits que nous devions occuper.

Pour rendre possible au lecteur l’intelligence de ma description, j’ai fait préparer un petit diagramme, représentant les dispositions de ce logis, ménagé pour cent quarante-quatre prisonniers, tant du Bas que du Haut-Canada, dans un entrepont de quatre pieds et quelques pouces d’élévation, d’un pont à l’autre, sur environ soixante-quinze pieds de longueur entre deux cloisons construites à notre intention. Chacun de nous n’avait en jouissance qu’un espace cubique de cinquante pieds environ, dans un endroit privé de ventilation, où il passait les