Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1898, 8.djvu/17

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2. Le Congrès,

Considérant que l’Art est un élément de haute mentalité publique ;

Que la vue et la compréhension du Beau contribuent puissamment au perfectionnement moral ;

Émet le vœu de voir :

1o Établir dans les écoles de tous les degrés l’enseignement obligatoire du dessin, du chant, de la gymnastique callisthénique et de l’histoire de l’Art ;

2o Rendre ce dernier enseignement intuitif : a) par des excursions, des visites de monuments, des conférences et des lectures sur place, notamment de descriptions de lieux dont une première lecture aurait été faite en classe ; b) par un roulement d’échanges entre les écoles des documents artistiques qu’elles possèdent; c) par des projections lumineuses, constituant, en somme, des voyages peu coûteux et faits dans un ordre méthodique ;

3o Profiter, dans toute la mesure du possible, des bonnes qualités de l’enfant et de ses tendances naturelles vers l’amour du Beau et du Bien ;

4o Les autorités ne mettre sous les yeux du peuple que des objets revêtant une forme artistique, et s’entourer des conseils d’hommes compétents dans l’examen de toutes les questions intéressant tant la production d’œuvres nouvelles que la conservation des monuments ou des beaux sites existants ;

5o Favoriser la création de musées cantonaux et de sociétés artistiques dans chaque centre ;

6o Faire, par l’exécution fréquente de morceaux bien choisis, l’éducation musicale de l’oreille.

Il y a également lieu d’organiser selon ce système les Musées d’antiquités.

Là aussi doit s’établir un enseignement esthétique ; la considération de la rareté archéologique ne peut rester dominante.

Le Congrès préconise de plus, la création, surtout dans les villes secondaires, de Musées intercommunaux d’échanges de reproduction d’exemples d’Art public.

3. Que les musées soient organisés d’une manière plus esthétique et plus méthodique et constituent, non des exhibitions, mais de véritables établissements d’éducation artistique populaire ; que l’on y place en évidence, de façon à frapper la vue tout d’abord et autant que possible dans des conditions de lumière et d’entourage analogues à celles du milieu pour lequel elles ont été exécutées, les œuvres les plus marquantes, celles que peut considérer, à bon droit, comme l’expression la plus exacte de l’Art de chaque époque à son apogée ; qu’à côté de ces pièces capitales soient formés des groupements d’autres œuvres marquant les différentes étapes qui ont précédé cette expression, celles qui s’en sont successivement éloignées pour aboutir à une expression nouvelle ; que chaque œuvre porte la mention du nom de son auteur, de la date de son exécution, du sujet qu’elle représente et, s’il y a lieu, du donateur ; en un mot, que les prolégomènes de la filiation des œuvres d’art y soient si clairement exposés que le visiteur emporte cette sensation nette : que l’histoire de l’Art comme celle de la civilisation, présente une suite ininterrompue d’évolutions, un enchaînement de faits conséquents, sans solution de continuité.

Il faut enfin que ces musées soient ouverts au public, tous les jours et gratuitement.

Les expositions aussi devraient être modifiées dans le sens d’un groupement des objets par auteur et par genre d’œuvres.

Il faut y réserver une large place aux applications d’art à l’industrie.

L’exposition de toute reproduction d’objets d’art plastique devrait montrer, à côté de l’ensemble, des fragments permettant d’en étudier les détails, ainsi que des photographies donnant l’impression nette de l’objet dans son milieu réel.

4. Il est désirable, sous plus d’un rapport, de voir adopter le système des concours publics dans la répartition des travaux et des encouragements artistiques. Toutefois l’utilité de ces concours dépend de leur organisation.

Le système exposé ci-dessus de la publication de listes et de programmes des monuments dont l’érection est désirée, ainsi que l’exposition périodique d’esquisses exécutées dans le but de répondre à ces desiderata, constitue un concours public ; ces esquisses devraient, toutefois, être accompagnées d’un morceau achevé, permettant de juger du pouvoir d’exécution de l’auteur.

Il importerait en outre, pour éviter les mécomptes qui suivent parfois — souvent même — l’érection définitive d’un monument, de