Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1898, 8.djvu/8

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de la rue d’Ulm, nous rencontrons le tegula en grande quantité, puis l’umbrex, mais plus rarement.

Toute cette céramique appartient à la belle époque, c’est-à-dire aux trois premiers siècles de notre ère. L’époque chrétienne ne figure pas ici. Ce dépôt d’immondices, d’ordures ménagères, appartient bien à la même époque que celle du dépôt de la rue du Cardinal-Lemoine, en face de la rue Clovis, exploré par nous, comme de ceux des rues Gay-Lussac et Le Goff, explorés aussi par nous (voir Revue archéologique, 1889-1890).

Les dépôts de ces voiries antiques indiquent assez bien le périmètre de l’ancien quartier des Latins au commencement de notre ère. Dans ces terres contemporaines des Césars, nous recueillîmes :

Quelques monnaies romaines, grands et petits bronzes à l’effigie de Constance : R. tête laurée regardant à droite, Constantius nob. Coes ; R. figure de la Justice couverte de la palla tenant une balance de la main droite, une corne d’abondance de la main gauche ; cette monnaie, de moyenne grandeur, percée d’un trou de forme circulaire, formant bélière qui remonte à l’époque où elle fut frappée, était un fétiche, une sorte d’amulette, que nous rencontrâmes plusieurs fois dans des sépultures païennes du vieux Paris.

Une monnaie, moyen bronze à l’effigie d’Auguste et d’Agrippa, têtes laurées ; R. le crocodile enchaîné, au milieu du champ un palmier. Cette monnaie coloniale, couverte d’une fort belle patine, appartient à l’antique Nemansus dont Agrippa était le premier magistrat.

Un Vespasien : à l’avers, tête de l’empereur avec la légende, Vespasianus, p. f. Augustus ; R. figure de femme vêtue de la palla, la main gauche tient une corne d’abondance chargée de fleurs et de fruits, la main droite tient une couronne ; le mouvement de cette figure est fort beau ; la légende fruste ne présente plus que le mot publica.

Auguste figure ici sur une monnaie en cuivre rouge, tête regardant à gauche, avec légende : Divus augustus pater : R. l’aigle romaine les ailes ouvertes entre S. C.,.les deux serres appuyées sur un globe.

Nous rencontrons plusieurs Antonins, mais de mauvaise conservation.

La Grande Faustine, grands et moyens bronzes, se rencontre en famille avec Marc-Aurèle et Faustine-la-jeune ; ces bronzes sont d’une conservation extraordinaire.

Une monnaie plus rare que les précédentes, en cuivre rouge, se rencontre au milieu de tessons gallo-romains ; le terrain siliceux, très fin (sorte de terre a potier qui se rencontre sur le mont Lucotissus et fort estimée des potiers gallo-romains), dans laquelle elle se trouvait, doit être une des causes de sa magnifique conservation. Cette effigie est la première que nous rencontrons dans le sol parisien, nous voulons parler d’Antonia : avers, tête tournée à droite avec chevelure ondulée découvrant l’oreille droite ; cette chevelure, qui couvre tout le crâne et l’occiput, se termine en pointe ; le calme du visage est remarquable, une grande sérénité règne dans tout l’ensemble du beau profil de la femme de Drusus. La légende qui enveloppe la tête ne se compose que de deux mots : Antonia Augusta.

Puis encore, un Gordien III, d’une conservation admirable ; les finesses de la gravure sont conservées ; l’expression de la bouche, les détails du nez sont extraordinaires ; la couronne seule de laurier est fruste ; la gravure des cheveux coupés courts est fort belle comme exécution. L’auteur de cette gravure en creux possédait un véritable talent. Autour de la tête nous lisons : Imp. Gordianus. plus. felix. pater. Augustus ; au R. une figure de l’abondance tenant une balance de la main droite.

Puis, dans l’ordre de la découverte : Marc-Aurèle, Vespasien, Magnence. Claude (de la belle époque) et des Constantins (petits bronzes).

Enfin un petit bronze, d’une conservation fort belle, à l’effigie de Néron : on sait que l’effigie de cet empereur est très rare sur les petits bronzes rencontrés dans les fouilles parisiennes. La légende suivante figure l’avers : Imp. Nero. CæSar. Aug.

Pour terminer la liste des monnaies découvertes, nous parlerons encore d’un très petit bronze à l’effigie d’Antoninus pius ; on sait que ce type n’est pas moins rare que celui de Néron petit bronze.

Le nombre des monnaies romaines découvertes sur ce point de la place du Panthéon, no 11, est considérable ; car, dit-on, plusieurs personnes et M. le docteur Capitan en possèdent plusieurs qui ont été découvertes dans la fouille en bordure de la rue de l’Estrapade. Celles que je présente aujourd’hui ont été trouvées en bordure de