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Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1899, 2.djvu/29

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Cheverny et de la Roquette[1], dont les armes sont effectivement : un écusson portant une croix cantonnée de quatre ombres de soleil. Ce seigneur, qui était membre des deux ordres du roi, fit sculpter dans son regard le collier de Saint-Michel (collier dont la partie inférieure n’existe plus aujourd’hui) et le blason qui lui était propre, vers 1575, époque où il devint possesseur de la maison de la Roquette avec ses dépendances. Une transaction passée entre le Bureau de la Ville et Philippe Huraut fixe l’époque exacte de l’apposition de ces marques de propriété ; nous avons cru devoir soumettre à votre Commission une partie de cette transaction, qui ne figure pas à sa date dans les délibérations du Bureau, texte que nous avons retrouvé dans les titres des Hospitalières de la Charité N. D. (Série S. 6150 Arch. nationales), et que Belgrand dans son travail sur les anciennes eaux de Paris n’a pas connu :

----« Par devant, Bonadventure Heverard et Jean Guetyn, notaires du roy nostre sire en son Chastellet de Paris, personnellement, maistre Nicolas Luillier, seigneur de Saint Mesmyn, de Villebertin, Moussay, Augerville-la-Rivière, Boullancourt, Villereay, Tinville, Maison-Rouge et Hautebize, conseiller du Roy en son Privé Conseil, Prévost des Marchands, nobles hommes : Guillaume Guerrier, Marchand bourgeois de Paris, Messire Antoine Mesmyn, secrétaire de la chambre du Roy et procureur en la Cour du Parlement, Jean Bouc, advocat en ladite cour et procureur du roy au bailliage du Pallais et Louis Abelly, marchand bourgeois de Paris, eschevins en ladicte ville de
Paris, d’une part ; Messire Philippe Hurault, chevallier, seigneur de Chiverny et de la Rocquette, conseiller du roy en son privé conseil, d’aultre part, disant : c’est à sçavoir, ledict seigneur de Chiverny que, à cause de sa terre et seigneurie de la Rocquette, il a grande quantité de terres labourables, prez et vignes, seizes tant au terroir de Belleville-sous-Sablon que de Saint Anthoine des Champs dedans lesquels héritages et autres appartenant à ladicte abbaye, ledict seigneur de la Rocquette, religieuse et abbesse du dict Saint Anthoine ont plusieurs sources et fontaines lesquels de tout tems immémorial ont accomodé les parcs, jardins et maisons de ladicte Rocquette et de là esté conduittes jusques en l’abbaye du dict Saint Anthoine et, pour tels effets ont eu et ont encore thuyaux et regards distincts et séparez des eaux de ladicte ville, mesure ledict seigneur de Chiverny a son regard particullier aux armoiries de sa maison et souspiraux sous terrains au-dessous d’iceluy en la campagne dudict Belleville, et parce que annuellement, lesdictz seigneurs, prévost des marchands et eschevins font travailler aux fontaines de ladicte ville et recherchant leur eaues qui s’abaissent et retirent quelquefois suivant les saisons dedans les vaines de la terre, ils font faire par leurs vallides, des rigolles et des tranchées si profondes que par telles concavitez il font tomber toutes les eaues de leurs voisins qui sont au dessus deux en leurs voultes et canaux publiques, et nommément celles des sources dudict seigneur de Chiverny et de Saint Anthoine qui sont les plus proches comme il disoit qu’il estoit apparu par la jaulge faitte des dictes fontaines par lesdictz sieurs Mesmyn et Abelly, eschevins en la prévosté, les procureurs du Roy, maistres des œuvres de maçonnerie fontainiers et autres officiers de ladicte ville, le vingt troisième jour dudict mois passé en proceddant par eulx à l’exécution d’un arrest donné au Conseil privé du Roy, le cinquième jour dudict mois et an, tellement que ladicte fontaine de la Rocquette et dudict Saint Anthoine, leur pourroit enfin demeurer inutile si ladicte ville ne leur faisoit restitution de l’eaul qui leur appartient et dont lesdictz seigneur de la Rocquette et dames de Saint Anthoine auroient tousjours paisiblement jouy jusques aux deux immédiattes et dernières années. »

----« Le seigneur de la Rocquette tout puissant à la Cour obtenait facilement un arrêt du


  1. Philippe Huraut, comte de Cheverny, plus tard chancelier de France, prétend dans ses mémoires que la Roquette lui fut donnée par Henri III le 13 août 1575, à l’occasion du baptême de son fils aîné, Henri d’Escrimant ; il avait acquis réellement cette maison de plaisance le dixième jour d’avril de la même année de feue dame Jehanne de Hallyn-Emant, dame d’Alluye et de Beauregard, veufve de feu Messire Florimond Robertet, quand il est mort seigneur du dict Alluye, conseiller du roy et secrétaire d’Estat ; qui l’avoit auparavant acquis de feu Messire Francoys de Raconis, quand il est mort seigneur de Neufville et de demoiselle Marie Olivier, sa femme ; à qui jadis appartint à feu Messire Germain Taste, lors de son vivant, receveur du domaine de Paris sur lequel il avoit esté décrêté et adjugé à feu Me Nicolas Seguyer, lui vivant conseiller du roy et maistre de ses comptes, duquel les ditz de Raconis l’avoient acquis ».

    Contrat de vente faite par Philippe Huraut, chancelier de France, à la duchesse de Mercœur, 27 janvier 1599. Original en parchemin. S. 6150, Arch. Nles.