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étaient dans le sol vierge. Ensuite, leur agencement n’a aucun des caractères d’une disposition voulue. Enfin, il est au contraire facile d’expliquer la présence en ce point de blocs aussi lourds.
D’après les interprétations anciennes (celle de Belgrand, par exemple), ces gros blocs, beaucoup trop volumineux pour pouvoir être emportés par les eaux, auraient été chariés par les glaces. Cette opinion n’est plus guère admise.
Il n’en est plus de même des deux suivantes.
On sait qu’à la fin de l’époque tertiaire, le relief actuel des environs de Paris n’existait pas. Il n’y avait alors qu’un grand plateau légèrement ondulé et oblique, situé à l’altitude actuelle d’environ 100 à 115 mètres. Sur le croquis ci-contre cette disposition est indiquée par le trait en pointillé.
La surface du sol correspondait donc alors à peu près partout au niveau des argiles à meulière, supérieures aux sables de Fontainebleau. Les grandes érosions de la fin du tertiaire, puis du quaternaire, ont attaqué ce sol : pluies, ruissellements, lavages et entraînement par les eaux ; actions météorologiques annexes : gelées, vents, actions chimiques ont successivement désagrégé le sol, emporté ses éléments pouvant être solubilisés ou roulés, fragmentés, écrasés. Mais les éléments trop volumineux et, trop résistants ou bien sont restés sur place, baissant au fur et à mesure que le sol s’affaissait, polis, usés, régularisés par ces mille actions mécaniques. Ils sont ainsi descendus de la position élevée qu’ils occupaient, suivant le mouvement d’affaissement du sol par suite de la disparition successive des couches dont il était composé.
C’est ainsi que le bloc de meulière figuré en pointillé a occupé les positions successives A, A’, A", pour venir enfin échouer au point actuel A’".
Pour le bloc de calcaire de Champigny, également dessiné en pointillé, il est descendu ainsi de sa hauteur originelle B en B’, au fur et à mesure que disparaissaient les couches sur lesquelles il était placé, et enfin en B".
Le croquis ci-joint, qui montre le profil du terrain d’Alfortville au fort de Nogent, permet également de comprendre un autre mécanisme possible : celui de l’éboulement du bloc ayant glissé le long des pentes, alors que les érosions les avaient rendues plus rapides, depuis les sommets de Champigny ou de Nogent (ou d’un quelconque des sommets voisins à l’altitude de
100 à 115 mètres) jusqu’au fond de la vallée à l’altitude de 30 mètres.
En somme, il n’y a là pas trace de construction mégalithique, ’ ni d’agencement voulu de pierres, mais une accumulation naturelle de blocs, intéressante, surtout à cause de l’interprétation du mécanisme naturel qui lui a donné naissance.
M. Le Vayer pense qu’il serait bon de communiquer à M. de Mortillet le rapport de M. le docteur Capitan. M. de Mortillet est, en effet, chargé de dresser, pour le service des Travaux historiques, la carte de la région du Parisis et du bassin de la Seine, et cette indication pourrait être relatée dans le travail qu’il a entrepris.
M. Le Roux estime que la Commission du Vieux Paris devrait étendre son action dans les régions suburbaines de Paris. Beaucoup de communes de la Seine contiennent des églises et des monuments du plus haut intérêt, quelques-uns sont même classés comme monuments historiques. Il pense qu’un questionnaire pourrait être préparé, demandant aux maires des communes de la Seine quels sont les vestiges susceptibles d’appeler l’attention de la Commission du Vieux Paris. Il estime que l’émulation créée dans la banlieue par ces recherches amènerait certainement la découverte do bien des choses intéressantes encore inconnues. Il pense, en outre, qu’une quatrième Sous-commission devrait être créée à ce sujet, les trois autres étant spécialement affectées à Paris.
Il en fait la proposition et demande le renvoi, pour examen, à la Commission de permanence.
M. Gosselin - Lenôtre estime que les archives des régions suburbaines devraient aussi être consultées et rentrer dans le domaine des nouvelles études proposé par M. Le Houx. Il en est qui sont fort intéressantes et renferment des documents de premier ordre comme, par exemple, celles de Choisy-le-Roi.
M. Alfred Lamouroux dit que la région du Parisis s’étendait aussi en Seine-et-Oise, mais que, pour le moment, il y aurait lieu de s’en tenir au département de la Seine.
La proposition de M. Le Vayer est adoptée.
Celle de M. Le Roux est adoptée en principe et renvoyée à la Commission de permanence pour l’étude des voies et moyens.