Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 1, 1857.djvu/100

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 100 —

La Société accepte avec reconnaissance l’hommage de l’auteur.


Le bureau a reçu de M. Henri de Lamouzié un mémoire d’une assez grande étendue, sur les reliques de Saint-Vincent le lévite. Ce sujet, digne d’attention en lui-même, tire un intérêt nouveau de la vénération dont ces restes sacrés ont été l’objet dans la ville de Castres.

Saint-Vincent le lévite avait reçu le martyre en 304, à Valence en Espagne. Sa vie, les circonstances de sa mort, les événements extraordinaires qui la suivirent, donnèrent à ses reliques une grande importance, et les entourèrent des témoignages de la piété la plus vive. Elles furent conservées dans une petite chapelle hors des murs de Valence, et l’on y fit des pèlerinages de toutes les parties de l’Espagne.

En 542, Childebert Ier, troisième fils de Clovis, déclara la guerre à Amalaric, roi des Wisigoths, mari de sa sœur et son bourreau. Il mit le siége devant Valence, dont il ne s’éloigna que sur les prières de l’évêque, après avoir reçu, comme rançon de la ville, la tunique et un bras de Saint-Vincent. De retour à Paris, il construisit dans les prairies voisines de la ville, une église dédiée à l’apôtre de l’Espagne. Auprès de l’église, s’éleva bientôt un monastère qui prit le nom de Saint-Germain-des-Prés, mais dont le patron fut Saint-Vincent le lévite.

En 761, les chrétiens chassés de Valence par les Arabes, emportèrent par mer, selon Fleury, ces précieuses reliques, jusque dans la province d’Algarve, au Cap-Sacré, qui prit dès lors le nom de Cap Saint-Vincent. Elles furent ensuite transportées au monastère autour duquel s’est formée la ville d’Oviédo.

Cependant le corps tout entier du saint martyr n’avait pu être enlevé. En 855, Hildebert et Audalde, prêtres et moines de Conques, au diocèse de Rodez, partirent, à la suite d’une vision,