Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 1, 1857.djvu/99

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permet d’espérer que cette tentative ne sera pas stérile. On ne s’arrête pas dans la voie où il est entré. Un progrès en amène un autre, quand la pensée génératrice est féconde par elle-même ; Il sera possible, sans nul doute, grâce à la méthode suivie par M. Tillol, de composer un ensemble bien harmonisé, aisément accessible au plus grand nombre, et sur lequel les imaginations d’élite s’appuieront pour doter de richesses nouvelles le domaine de la science.


M. Nayral offre à chacun de ses confrères un exemplaire de la pièce en vers patois, qui lui a valu un rameau d’argent, dans le concours ouvert par la Société archéologique de Béziers.

Dans cette épitre, pleine de verve et d’originalité, M. Nayral venge la langue méridionale des attaques dont elle est l’objet. Méconnue parce qu’elle est trop peu étudiée, exposée tous les jours à de nouveaux dédains, parce qu’elle est dénaturée dans les mots qui la composent, dans les tournures qui lui sont propres, dans son génie particulier, elle a droit, comme expression toujours vivante d’une nationalité qui n’est plus, comme idiome riche et fécond, à nos respects et à notre sympathie. M. Nayral s’attache à montrer, sous une forme neuve et brillante, combien sont grandes les ressources dont elle peut disposer : il fait mieux, il montre par l’emploi qu’il en sait faire, par l’heureux parti qu’il en tire, combien elle se plie à tous les tons reproduit avec souplesse toutes les nuances, tour-à-tour gracieuse et énergique, grave et légère, toujours harmonieuse, toujours docile aux caprices d’une imagination inépuisable.

La Société écoute avec un vif intérêt la lecture de l’ouvrage couronné. Elle y retrouve avec plaisir, comme une application des études théoriques dont elle a suivi les développements, et qui lui ont permis de porter son attention sur les principes constitutifs de la langue et sur les changements qu’elle a subis.