Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 1, 1857.djvu/120

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sement, et où l’imagination se trouve prémunie contre des écarts toujours dangereux. La pensée devient plus concise, le sentiment s’élance avec plus de vivacité ou de grandeur. Mais ces avantages créent des devoirs, et la perfection devient presque une nécessité. Ce n’est pourtant pas une raison de répéter avec Boileau :

Un sonnet sans défaut vaut seul un long poème.

Chaque genre littéraire a son mérite propre, et ce mérite est toujours en rapport avec les difficultés qui se présentent à l’écrivain. Un sonnet qui met en relief une grande pensée, un noble sentiment, exprimés en beau vers, a droit à une attention sympathique, parce qu’il ne peut pas être le produit d’une inspiration passagère. Il demande des qualités sérieuses ; il exige l’habitude, l’emploi facile de ce langage dont la poésie a le privilège de revêtir ses inspirations, et que le hasard n’apprend jamais, Le sonnet de M. Plazolles est le développement d’un sentiment pieux. L’âme s’y révèle avec une douce effusion de foi, d’espérance et de gratitude. Le style a cette élégante simplicité qui donne aux compositions les plus légères tant de grâce et de charme. Peut-être n’est-il pas assez serré, et la pensée perd-elle quelque chose de sa netteté, dans un trop facile développement.

La seconde pièce est un fragment d’épitre. On demande à M. Plazolles pourquoi il fait des vers. Les poètes ont toujours d’excellentes réponses pour une pareille question qu’ils trouvent au moins indiscrète. On sait de quelle manière une des imaginations les plus riches du xixe siècle, a peint ce besoin de chanter qui s’élève avec tant de force en celui que la nature a enrichi de ses dons. M. Plazolles ne donne pas une raison aussi haute. Il fait des vers, parce que c’est un agréable délassement, parce qu’il trouve un plaisir véritable et toujours nouveau, à joindre entre elles des pensées, à donner une expression à ses sentiments, à revêtir d’une forme cadencée, harmonieuse, les caprices de son imagination ou les émotions de son âme.