Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 1, 1857.djvu/53

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 53 —

dont l’élégance et la justesse accusent le contact journalier des grands maîtres dans l’art d’écrire. Ils étaient d’ailleurs observateurs ; et des appréciations d’une certaine portée se cachent sous les dehors les plus frivoles et sous le ton le plus léger. Les mœurs peuvent changer, les villes perdent leur physionomie, tout se transforme ; les portraits et les tableaux n’ont plus leur caractère de vérité vivante, mais on sent qu’ils ont été fidèles. C’est tout ce qu’il faut, parce que l’intérêt s’attache toujours à ce qui a été une expression vive et réelle des hommes et des choses.

M. Nayral relève, sans y ajouter une grande importance, mais par un scrupule littéraire rare aujourd’hui, une erreur accréditée par l’autorité de Chaulieu. Cet aimable Anacréon du Temple, comme on disait au temps des périphrases, parle ainsi de Chapelle :

Chapelle au milieu d’eux, le maître qui m’apprit
Au son harmonieux de rimes redoublées,
L’art de charmer l’oreille et d’amuser l’esprit,
Par la diversité de cent nobles idées.

Chapelle a bien pu inspirer à Chaulieu le goût de ces sortes de rimes, mais il n’en est pas l’inventeur. D’Assoucy les avait employées avant lui, et non sans succès. Ce poète avait une certaine vogue : il n’est plus guère connu aujourd’hui que par ce vers de Boileau :

Et jusqu’à d’Assoucy, tout trouva des lecteurs.

Chaulieu aurait pu lui laisser la seule gloire qu’on ne lui disputera pas, pour plusieurs motifs. Chapelle, était assez riche d’un autre côté, pour n’avoir pas à s’emparer du seul patrimoine, — si c’en est un, — qui reste au traducteur burlesque des métamorphoses d’Ovide et du ravissement de Proserpine.

M. Nayral arrive ainsi à travers des œuvres d’un caractère très-varié et d’un mérite bien différent, jusqu’à la fin du xviiie siècle. Il y a malheureusement entre ces productions un point de