Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 2, 1858.djvu/223

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On peut résumer ainsi ces attaques : On ignore le principe même de la vie, comment peut-on agir sur lui ? Les maîtres ne sont pas eux-mêmes d’accord entre eux : l’étude de la médecine conduit au scepticisme : la médecine ne fait pas de progrès.

Sans doute, on ignore le principe même de la vie : mais est-ce une raison pour qu’on ne puisse pas exercer sur lui une action réelle ? Le physicien connait-il la cause première de la cohésion, du calorique, de la lumière, de l’électricité ? Le chimiste peut-il rendre raison de la cause première de l’affinité, l’astronome de celle du mouvement et de l’attraction ? Et cependant ces sciences existent ; elles formulent des principes, elles classent des observations, elles déduisent des conséquences, elles arrivent à des résultats. Pourquoi la médecine, parce qu’elle ne peut pas tout expliquer, serait-elle condamnée à être pour toujours stérile ?

Sans doute, les maîtres ne sont pas toujours d’accord ; mais est-ce le privilége de la médecine ? Les écoles de philosophie luttent bien entre elles, depuis les premiers temps ; et certes la guerre ne paraît pas sur le point de finir. La jurisprudence a-t-elle quelque chose de plus positif, même dans son point de départ, et dans ses principes essentiels ? Montesquieu, Mably, Filangieri, Bentham, Grotius, Puffendorf, ne s’entendent pas toujours, et l’un combat ce que l’autre a posé : nie-t-on la jurisprudence ?

Les mathématiques semblent à l’abri de pareilles attaques ; et pourtant Fontenelle a dit : Dans le pays des démonstrations, on trouve encore le moyen de se diviser. Buffon prétend que ce qu’on appelle vérités mathématiques se réduit à des identités d’idées, et n’a aucune réalité. Hobbes a écrit plusieurs traités sur l’incertitude de cette science.

On reproche aux plus illustres médecins d’avoir été sceptiques. D’abord une pareille accusation est trop générale