Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 2, 1858.djvu/224

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pour être vraie. Et, en supposant que l’on puisse citer quelques formules qui les condamnent, ne doit-on pas, pour être fidèle à la vérité, reconnaître que ce scepticisme n’avait rien de définitif, que c’était un levier pour détruire les systèmes antérieurs, afin d’avoir une place nette pour celui que l’on proposait ? D’ailleurs, les plus grands astronomes n’ont pas été à l’abri d’une pareille accusation. Ainsi généralisée, elle a été aussi injuste pour les uns que pour les autres ; et, sans recourir aux faits qui donneraient un démenti éclatant à des adversaires passionnés, peut-on supposer que des hommes habitués à pénétrer tous les jours dans l’œuvre de Dieu, aient pu la nier ? Dieu est présent dans l’admirable structure de l’homme, dans le juste équilibre de ses forces, dans cette admirable harmonie des parties qui le composent, comme il est présent dans cette merveilleuse disposition des astres, dans les lois qui les régissent, dans leur variété de volume, de révolution, de puissance. Non, la médecine, pas plus que l’astronomie, n’engendre que le scepticisme ; non, elles ne sont pas la source d’un matérialisme devant lequel recule toute intelligence un peu élevée. Il ne faut pas que quelques malheureuses exceptions deviennent un motif d’injustice contre la science elle-même.

Enfin, on accuse la médecine de rester stationnaire. Sans doute, elle n’a pas encore trouvé le moyen de prolonger indéfiniment la vie, ni de la soustraire aux atteintes et aux ravages de la maladie. Mais si la découverte de lois nouvelles, d’agents inconnus, de procédés plus sûrs et plus rapides constitue des progrès, pourquoi n’avouerait-on pas que la médecine a marché avec le quinquina, le mercure, la vaccine, la lithotritie, l’action anesthésique ?

D’ailleurs, la médecine touche à tant de sciences, qu’on ne peut pas espérer pour elle un progrès réel, si ces sciences elles-mêmes ne poussent pas plus loin leurs investigations et leurs découvertes. C’est là pour elle, l’obstacle le plus grand et le plus difficile à détruire.