Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 2, 1858.djvu/279

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personnalité. Aussi, les subtilités de Huet sont-elles le plus souvent d’une fausseté manifeste. Il semble prendre la défense des sceptiques, et il se montre injuste envers Descartes, dont il essaie de diminuer la gloire, en lui contestant le mérite de la découverte de certaines démonstrations, et en exagérant les conséquences de quelques-uns de ses principes.

Les questions d’Aunay développent l’opinion de Huet sur la certitude et sur les rapports de la foi et de la raison. Elles ont la forme du dialogue. Huet se charge de concilier la raison avec la foi. L’agitation produite dans l’âme par la lutte de la raison et de la foi, ne serait point apaisée, si la soumission de la raison n’était pas volontaire. Il faut donc la paix à de justes conditions. Il y a pour Huet trois sortes de certitudes : la certitude des bienheureux dans le ciel, la certitude par la foi sur la terre, la certitude par la raison. La certitude par la foi, appelée divine, l’emporte sur la certitude rationnelle ou humaine, par la fermeté et la constance. La raison précède la foi dans l’acquisition de la vérité, comme les sens précèdent l’exercice de la raison. On doit se servir de la raison pour croire qu’une vérité a été révélée ; et l’homme ne méprise l’usage de la raison, ni quand il adhère à la foi, ni après l’avoir reçue.

Huet détermine dans le cinquième chapitre, les conditions exigées pour concilier la raison et la foi, lorsque la raison garde le silence sur les vérités proposées. Dans le sixième, il établit que la raison prête son concours à la foi ; dans le septième, que la foi laisse à l’exercice de la raison, les vérités qui sont de son domaine, et il termine en montrant que, parmi les dogmes et les préceptes moraux du christianisme, il n’y a rien de si éloigné de la raison et de l’opinion générale, que n’aient admis, chez les païens, ceux qui passent pour avoir bien usé de la raison.