Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 2, 1858.djvu/326

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donne, et des satisfactions dont il inonde le cœur. Que leur importerait d’avoir trouvé autour d’eux un accueil sympathique, et d’avoir éveillé, même au loin, dans quelques âmes, un assentiment tacite ou une approbation expansive ? Leur ambition va plus haut. Ce qu’ils ont fait, ils voudraient le voir tenter par d’autres. Ils comprennent que plus les ouvriers sont nombreux, plus l’action sera puissante et le résultat fécond. Il y a dans le monde, des intelligences qui sentent quelque chose s’agiter en elles, et qui ne savent pas encore ce qu’est ce mouvement, ce que signifie ce murmure. Elles ont des aspirations, mais elles ne peuvent pas les définir, et, par conséquent, les poursuivre avec la confiance que donne un but déterminé. Il s’agit de diriger cette irrésolution, d’ouvrir un lit à ce courant, et de le jeter dans la pente naturelle qui doit le conduire à cet océan où se réunissent toutes les eaux bienfaisantes, après avoir répandu sur leur passage la fraîcheur la fécondité et la vie.

Qui de nous, Messieurs, n’a éprouvé ce sentiment vague, au moment où son âme s’ouvrait aux premières ambitions de la vie, et où toutes les espérances l’enivraient de leurs parfums, et l’entouraient de leurs séductions ? Qui de nous ne se rappelle la joie qui a rempli son cœur, lorsqu’il a vu un signal dans le lointain, qu’une main inconnue, mais qu’il sentait amie, a serré la sienne, lui a tracé une route, et lui en a montré tous les charmes, en lui signalant les dangers, et lui donnant, ou l’impulsion qui les fait éviter, ou la force qui les fait surmonter ? Or, Messieurs, combien de fois ce rôle de protection n’a-t-il pas été rempli par les Sociétés littéraires ou scientifiques ? Combien de fois, par leurs travaux, n’ont-elles pas donné des indications utiles, ou inspiré de salutaires résolutions ? Combien de fois, un sujet proposé par elles, n’a-t-il pas provoqué cette ambition de jeune homme, première fleur éclose dans la solitude de son cœur, et que viennent sitôt flétrir les souffles désolants des passions !