Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 2, 1858.djvu/327

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La jeunesse vit d’enthousiasme. Le calcul froid et positif n’est pas fait pour elle ; elle a besoin de voir de vastes perspectives, de lointains et riches horizons ; et quelle que soit la voie où elle s’engage, par goût réfléchi ou par occasion, elle la poursuit avec un entraînement, quelquefois imprudent, il est vrai, mais toujours généreux, parce qu’il est sincère, toujours fécond, parce qu’il est irrésistible.

Les concours appellent surtout la jeunesse ; et si, dans un âge plus avancé, on ne dédaigne pas cette lutte et les joies qu’elle donne, c’est qu’on n’a pas perdu tous les heureux priviléges de cette période bénie, où le présent est environné de tant d’éclat, et l’avenir riche de si glorieuses espérances. Or, suivez, Messieurs, le travail qui se fait dans cette jeune âme. La voyez-vous, embrassant avec ardeur le sujet offert à son ambition ? Comme elle le féconde au premier contact de cette imagination surexcitée par l’enthousiasme, et soutenue par ce désir du succès que chacun de nous porte en lui-même ! Comme elle l’étend, le développe et l’affermit, sous cette méditation précoce qui révèle toutes ses ressources et présente successivement tous ses aspects ! Sans doute, il ne sort pas toujours un chef-d’œuvre de ce travail où se sont concentrées tant de forces, et qu’accompagnaient tant de rêves heureux. Il y a de nombreuses déceptions ; mais croyez-vous que ces déceptions aient jamais amené le découragement ? Non, Messieurs, il y a dans la jeunesse une foi qui résiste aux plus rudes épreuves. Trompée dans son attente, elle rêve d’autres conquêtes, et, malgré la défaite du présent, elle compte toujours sur l’avenir : et l’avenir, avec ses lointaines espérances, la trompe rarement, lorsqu’elle est sincère dans ses croyances, droite dans ses aspirations, persévérante dans ses vues.

D’ailleurs, le travail de l’intelligence n’est jamais complètement stérile. On n’arrive pas toujours au but auquel