Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 2, 1858.djvu/46

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Magloire Nayral, pendant la dernière année de son existence, déjà compromise par l’âge qui aggravait les infirmités de toute sa vie, ou par les souffrances de la dernière heure, a donné la preuve de ce que peuvent l’amour ou l’habitude du travail intellectuel et la puissance des lettres, ces grandes consolatrices, comme s’exprime Cicéron. Associé, un des premiers, et afin de voir se réaliser disait-il, le rêve de toute sa vie, à notre œuvre littéraire et scientifique, il est venu fournir son contingent à quatre séances consécutives, après n’avoir jamais manqué qu’aux deux qui ont précédé sa mort de quelques jours. Il nous a lu d’abord un mémoire sur les Poésies mêlées, mémoire rempli de faits, inépuisable d’érudition, résumant des recherches très-difficiles à faire, surtout dans un pays comme le nôtre qui manque de bibliothèques, et poursuivant une idée de détail dans ses éléments les plus analytiques. En second lieu, il nous a fait connaître le commencement d’un ouvrage qu’il intitulait lettres sur des riens, et dans lequel il se proposait de dessiner par leurs individualités les plus excentriques, les hommes célèbres ou de la littérature ou de l’histoire ; enfin il avait promis à nos futures réunions l’histoire complète de la chambre souveraine, dite de l’Édit, depuis 1595, époque de son établissement, jusqu’au jour où elle fut supprimée, en 1670.

Magloire Nayral s’occupait toujours de versification française. À part un discours d’une certaine étendue, prononcé au mois d’août dernier, à la distribution des prix de notre collége, il venait de composer une Épître à Voltaire et une Épître à Alfred de Musset avant sa mort. Celle-ci seulement est arrivée à ma connaissance. Dans cette œuvre qui a dû se ressentir nécessairement du mauvais état de santé de son auteur, une grande idée semble l’avoir préoccupé par-dessus toutes les autres, l’idée de ramener certaine littérature de nos jours aux vrais principes de la morale, en l’arrachant à des croyances trop exclusivement sensualistes.