Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 2, 1858.djvu/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 47 —

Là se trouvent ces deux vers d’une pensée charmante et très-juste ;

Aux femmes pardonnons de perfides caprices :
Elles ont leurs défauts, nous leur donnons nos vices.

Voici la fin de cette pièce ; je la reproduis ici avec l’intention de démontrer que tout en conservant ses croyances classiques, Magloire Nayral avait, sous le rapport du style, déjà subi une certaine transformation à la lecture d’Alfred de Musset, et peut-être aussi au contact de quelques membres de notre Société un peu moins orthodoxes que lui. Je n’aurai pas besoin de faire remarquer la tendance éminemment religieuse qui y domine.

Aigle Musset, vois donc tes jaloux à tes pieds ;
Par l’éclat de ta gloire ils sont humiliés,
Mais c’est, lorsqu’on entend résonner sur ta lyre,
Les chants harmonieux que le bon goût inspire,
Purs d’alliage, et tels que ceux qu’avec ferveur
Au ciel les chérubins font retentir en chœur.
Ce n’est point Don Paez, héros de corps-de-garde,
Et contre le remords incessamment en garde ;
Ni Suzon, cette infâme et lâche obscénité
Où la religion n’est qu’une impiété,
Où des prêtres sans foi parlent meurtre et débauche ;
Ni les marrons du feu, ni Portia, ni Mardoche,
Ni cette Namouna que méconnut Hassan,
Poème où tu te ris du Christ et du croissant,
Où tu parles enfin de tout excepté d’elle ;
Ni ton Franck qui toujours trame une horreur nouvelle,
Qui lassé des plaisirs, de la gloire et du sort,
Voulut n’ignorer rien, et, vivant, être mort ;
Monstre incompréhensible et moraliste étrange,
Autre Faust, dont l’amour causa la mort d’un ange.

Là, parmi des horreurs et des atrocités,
On trouve, je l’ai dit, de sublimes beautés.