Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 3, 1860.djvu/112

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Ces lettres, dont les dates sont si rapprochées, indiquent l’importance que l’on attachait au succès de la démarche tentée par les consuls de Castres. Du reste, ceux qui prenaient ainsi les intérêts de cette ville avaient joué un certain rôle dans son histoire des dernières années. Le duc de Ventadour avait fait de Castres le centre de ses opérations pour combattre les derniers efforts de la Ligue. Le duc de Bouillon, vicomte de Turenne, avait été gouverneur de la ville et y avait créé plusieurs embellissements. Les ducs de Rohan et de Sully n’avaient cessé d’être en rapport avec les calvinistes et les partisans du roi pendant la longue durée de la lutte qui précéda la reconnaissance de Henri IV. Il n’est donc pas étonnant que, pour des motifs divers, ils aient combattu le projet de translation.

Deux ans après, les États généraux du pays de Languedoc demandèrent que la cour des aides fût réunie au Parlement de Toulouse et à la chambre de l’Édit. C’était donc, non seulement conserver, mais augmenter la juridiction de la cour souveraine qui siégeait à Castres.

La célèbre assemblée de La Rochelle fut le signal de nouveaux troubles. Sur les instances du second consul de Castres, de Spérandieu, et de Bouffard-Madiane, le duc de Rohan choisit Castres comme le centre de ses opérations. La guerre n’eut pas alors l’importance de celle qui l’avait précédée ; elle n’en eut pas aussi les violences et les fureurs. De nombreuses pièces témoignent des sentiments de tolérance individuelle qui animaient les vainqueurs. Il n’y eut d’aucun côté ni spoliation, ni massacre ; mais, avec la domination absolue de l’élément calviniste, la chambre de l’Édit ne pouvait longtemps rester à Castres. Après la révolte de 1622, les conseillers catholiques rentrèrent à Toulouse. Le roi ordonna alors à ce qui restait, de se retirer à Lisle en Albigeois. Cette déclaration datée du 20 mai, fut signifiée aux conseillers protestants qui résolurent de faire des remontrances. Le roi ordonna le 1er juillet que la chambre serait transférée à Béziers. Le Parlement de Toulouse, entièrement composé de catholiques, se trouva d’accord avec le chef des protestants, Henri de