Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 3, 1860.djvu/113

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Rohan, qui réclamait avec hauteur et persévérance le maintien de la chambre à Castres. Les remontrances du Parlement ne furent pas écoutées ; il réclama, et le roi lui répondit sévèrement « qu’il voyait avec déplaisir que la cour était plus jalouse de ses propres intérêts que du bien de son service. » Pour le duc de Rohan, le roi lui fit enjoindre de n’avoir plus à s’occuper de cette affaire.

Cet accord des deux partis, alors en guerre, est un hommage aux intentions et aux actes de la chambre de l’Édit. C’est la démonstration la plus vraie qu’elle avait, autant que possible et dans la sphère où elle se mouvait, fait prévaloir les idées de paix et les sentiments de tolérance réciproque.


M. V. CANET fait un rapport sur le Misanthrope travesti, par le citoyen Daubian, de Castres (1797).

Le but de Daubian n’est pas douteux, et si sa préface ne l’indiquait pas expressément, le caractère général de l’œuvre ne permettrait pas de s’y tromper. Ce n’est pas un travestissement de l’œuvre de Molière, c’est une traduction ; et, le plus souvent, elle est littérale. Un travestissement présente sous une forme ridicule et grotesque, ce qui était élevé et sérieux ; il dénature les faits, il donne à tous les personnages un aspect nouveau qui contraste avec la nature des événements auxquels ils prennent part, il produit enfin des émotions directement opposées à celles qui devraient naturellement ressortir de l’œuvre originale. En est-il ainsi pour Daubian ? A-t-il voulu faire pour Molière, ce que Scarron a fait pour Virgile, Subligny pour l’Andromaque de Racine, plusieurs pour la Henriade de Voltaire, et ce que nous voyons tenter tous les jours, dans les petits théâtres de Paris, pour les ouvrages joués avec succès sur les grandes scènes ? Non sans doute. Il a voulu simplement traduire le Misanthrope en patois ; et cette traduction, — il ne faut pas négliger la date, — est de 1797. Ces deux considérations permettent de reconnaître à cet ouvrage son véritable caractère.