Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 3, 1860.djvu/44

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ger de bonne heure à quitter des lieux où leur existence était assurée. L’industrie en manquant à ces populations, les a laissées moins attachées à leur pays.

Enfin dans certaines localités, l’application du régime forestier aux bois communaux, a privé de ressources un certain nombre de familles qui, de temps immémorial, avaient vécu du produit de ces bois qu’elles exploitaient à leur profit. Elles sont allées chercher un travail qui ne devait pas manquer de quelque temps, et un salaire relativement très-considérable, dans les grands travaux des chemins de fer de l’Hérault.

Telles sont les causes diverses qui ont provoqué ou favorisé le mouvement d’émigration parmi les ouvriers et les agriculteurs. Quelques-unes de ces causes doivent disparaître, et il semble que les populations deviendront dès lors plus stationnaires. Cependant il y a des causes permanentes, comme la rigueur du climat, l’infertilité du sol, les chômages forcés, la suppression de certains travaux industriels, qui doivent continuer à agir d’une manière puissante. Mais d’un autre côté, la diminution des naissances indique, peut-être en même temps, un affaiblissement moral et un appauvrissement graduel ; le déplacement devient plus facile, il passe dans les mœurs. Tout cela constitue un fait économique des plus importants, et auquel il importe de s’arrêter, toutes les fois que l’on veut étudier les mouvements qui se produisent au sein de la société, et les diverses influences sous lesquelles elle marche.

Mais il ne suffit pas d’avoir signalé les causes de l’émigration et la proportion dans laquelle elle s’est produite : il importe de rechercher les remèdes par lesquels peut être combattu ce fléau, dont les ravages déjà fort étendus menacent de s’accroître encore.

Si le cultivateur abandonne le lieu où il est né, c’est qu’il n’y trouve pas une existence assurée. On est frappé, en parcourant les montagnes des environs de Castres, de la dénudation des versants. Non seulement une immense étendue de terre ne pro-