trouve plus de barrière qui la rassure contre votre courage ; le Pô, le Tésin, l’Adda, n’ont pu vous arrêter un seul jour ; ces boulevards tant vantés de l’Italie ont été insuffisants ; vous les avez franchis aussi rapidement que l’Apennin.
Tant de succès ont porté la joie dans le sein de la patrie ; vos représentans ont ordonné une fête dédiée à vos victoires, célébrée dans toutes les communes de la république. Là, vos pères, vos mères, vos épouses, vos sœurs, vos amantes, se réjouissent de vos succès, et se vantent avec orgueil de vous appartenir.
Oui, soldats, vous avez beaucoup fait !… mais ne vous reste-t-il donc plus rien à faire ?… Dira-t-on de nous que nous avons su vaincre, mais que nous n’avons pas su profiter de la victoire ? La postérité vous reprochera-t-elle d’avoir trouvé Capoue dans la Lombardie[1] » ?
- ↑ Après la célèbre bataille de Cannes, où les Romains furent taillés en pièces par les Carthaginois et perdirent plus de quatre-vingt mille hommes, Annibal refusant de suivre le conseil que lui donnait Adherbal, un de ses lieutenans, de marcher droit à Rome, lui promettant que dans cinq jours il souperait au Capitole, celui-ci répondit : Tu sais vaincre, Annibal, mais tu ne sais pas profiter de la victoire. — L’armée d’Annibal, au lieu de marcher sur la capitale de l’empire romain, passa ses quartiers d’hiver à Capoue, dans la Campanie, sous le ciel le plus voluptueux de l’Italie : elle s’y amollit, et de ce jour perdit et ne recouvra plus son ancienne énergie et son courage. C’est à ces deux faits que Bonaparte fait allusion dans sa proclamation.