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se produisirent : Parsifal, la mort de Wagner à Venise, appelèrent l’attention générale sur l’œuvre de Bayreuth. À Paris, les amateurs étaient maintenant sollicités par deux entreprises de concerts, l’Association artistique d’Éd. Colonne, d’une part, les Concerts Lamoureux, de l’autre (fondés en 1881), qui allaient se consacrer presque exclusivement à Wagner et à son œuvre. Vers le même temps, après la Renaissance musicale (1882-83), paraissait la Revue wagnérienne de M. Édouard Dujardin (février 1885). Le terrain était bien préparé pour une nouvelle joute en faveur de Lohengrin. Celle-ci fut violente et dura presque sans discontinuer deux ans, jusqu’à la défaite de Lamoureux en 1887.

Après Neumann, Strakosch avait d’abord repris l’idée de monter Lohengrin, en 1882, idée bientôt abandonnée. Deux ans plus tard, Carvalho voyant le grand succès de Tristan aux Concerts Lamoureux, crut le moment venu de faire une nouvelle tentative : Mlles Heilbronn et Talazac devaient remplir les deux rôles principaux. M. von Gross, fondé de pouvoirs de la famille Wagner, donna l’autorisation, et bientôt, les journaux publièrent la distribution suivante de la pièce : Lohengrin, Talazac ; Telramound, Bouvet ; Elsa, Mlle Calvé ; Ortrud, Mlle Deschamps. On distribua même les rôles en double à MM. Lubert et Carroul et à Mlle Heilbronn. Charles Nuitter refit sa traduction, vieille de vingt ans et que certains wagnériens jugeaient avec raison défectueuse, et Carvalho, pour prévenir les réclamations des compositeurs français, annonça que Lohengrin ne serait joué que deux fois par semaine, en matinée, le jeudi et le samedi.