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richard wagner et la france

« Nous souhaitons Lohengrin ; mais Lohengrin est impossible ; donc, qu’on ne le joue pas… Résignons-nous !… » et continuons de jouer les partitions du Ménestrel, oubliait d’ajouter M. Heugel… Et tandis que E. Reyer, Louis de Gramont, Johannes Weber, Henri Maréchal, Sarcey réclamaient l’œuvre de Wagner, M. Saint-Saëns, dans la France du 24 décembre, se déclarait hostile à l’introduction de la musique allemande dans notre pays, et la Patrie du 28, analysant Une Capitulation, s’écriait : « Il ne s’agit pas d’art, mais de patriotisme ! »

Mme  Adam (Juliette Lambert), dont la mère avait été gouvernante de la comtesse d’Agout, et qui elle-même avait été dame de compagnie chez la mère de Mme  Cosima Wagner[1] adressait, le 13 janvier 1886, une lettre mélodramatique au Figaro, où elle accusait Wagner d’avoir écrit, en 1870, qu’il fallait brûler Paris. Elle rappelait ses souvenirs de l’empire, Wagner à Paris. « On me répondra : Wagner est mort. Nos morts, à nous, sont-ils ressuscités ? Je voudrais discuter avec calme, mettre quelque ordonnance dans mes arguments.

« Je ne le puis. Mon émotion est trop violente…

« Pour moi, lorsque j’entends la musique de Wagner, j’entends la marche des soldats du vainqueur, le chant de ses triomphes, les sanglots de la défaite. »

Le lendemain, M. G. Monod répliquait et L. de Fourcaud, dans le Gaulois, qualifiait les élucubrations de Mme  Adam de « patriotisme de rhétorique et d’opéra-comique ». Qu’ont de commun, demandait

  1. Revue wagnérienne, 8 mars 1886.