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le wagnérisme en france avant la guerre

Une année allait encore s’écouler, pendant laquelle les grands concerts, ceux même du Conservatoire, continuaient de faire applaudir des fragments importants de l’œuvre de Wagner. Le « Petit-Bayreuth », chez le peintre Charles Toché, donnait, le 9 février 1886, des fragments de Parsifal, d’après l’arrangement de M. Humperdinck ; M. Dujardin écrivait, le 8 mai, dans sa Revue wagnérienne : « M. Lamoureux est en train de faire chez nous une œuvre artistique considérable. Jouer du Wagner, ce n’est pas seulement donner aux wagnéristes des jouissances, aux entreteneurs d’opéra des colères ; c’est fonder dans notre pays une nouvelle école d’art. Au milieu d’une école de composition vouée irréfragablement aux mièvreries issues de M. Gounod, avec une école d’exécutants aussi parfaitement modelés que possible au caractère des ouvrages à la mode, et, plus généralement, dans un monde artistique encore possédé de romantisme (oublieux de la tradition du réalisme racinien, curieux uniquement des contrastes à la Hugo et à la Berlioz), c’est une œuvre sérieuse que d’introduire Parsifal, Tristan, ces retours au poème psychologique et réaliste, que de constituer des musiciens pour les interpréter, un public pour les comprendre. » En terminant, il saluait les « deux héros de la saison », Chabrier et M. Vincent d’indy.

Les représentations de Bayreuth, en 1886, avaient été suivies par un grand nombre de critiques parisiens : Henry Bauer, Maurice Barrès, Oscar Comettant, Robert de Bonnières, de Fourcaud, Paul