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le wagnérisme en france avant la guerre

et mon affectueuse admiration pour Berlioz ne m’ont pas empêché d’aller à lui. Son puissant génie m’a subjugué, sans m’aveugler pourtant. J’ai subi, comme tant d’autres, l’influence de ses doctrines ; mais je n’ose me dire son disciple, tant je me suis gardé d’être son imitateur. Et tout en le suivant de loin dans le sillon lumineux qu’il a tracé, je n’ai renoncé à aucune des jouissances qui me viennent de ses glorieux ancêtres, des maîtres auxquels je dois, plus qu’à lui sans doute, le peu que je suis.

« Mais aucun grand musicien n’aura surexcité plus de jeunes imaginations et troublé plus de cervelles.

« Son œuvre est immense, colossale. En France, elle ne s’imposera jamais tout entière à notre tempérament et ne nous fera jamais oublier notre fidélité à d’anciens souvenirs.

« Il aura doté son pays d’un art nouveau, c’est vrai. Mais son pays n’est pas le nôtre.

« E. Reyer. »


« … La tentative que prépare M. Lamoureux, dans d’excellentes conditions artistiques, écrivait M. Paladilhe, aurait dû être faite depuis longtemps… On ne boude pas plus contre ses oreilles que contre son ventre, et Wagner est un artiste assez considérable pour qu’on puisse juger son œuvre avec une sévérité qui permette de négliger l’homme et d’oublier le gallophobe… Je m’attends à une vraie première, Wagner n’étant pas plus connu, en réalité, de la plupart de ses détracteurs que de certains de ses partisans. »

« Lohengrin est une œuvre superbe ; il est triste