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la question wagner depuis la guerre

de Paris publia, le premier, des articles divers dont le retentissement a été assez considérable dans le petit monde des musiciens.

Les plus importants, intitulés Germanophilie, étaient signés de M. Camille Saint-Saëns[1]. Mais, avant lui, Auguste Germain avait pris soin d’allécher les lecteurs en exhumant pour la millième fois, — non pas d’après le texte de Wagner lui-même, mais d’après une page du célèbre Voyage au pays des milliards de Victor Tissot, — dix lignes de Une Capitulation, et en ressuscitant la légende de Wagner insulteur de Paris assiégé ; et l’anonyme Junius avait, dans un de ses « billets » quotidiens, exécuté sans phrases Wagner et son œuvre. Bientôt, M. Frédéric Masson vint dire aussi son mot. Ainsi qu’il était arrivé dans les précédentes polémiques wagnériennes, ce fut surtout de la part d’écrivains étrangers ou indifférents à la musique, que venaient les attaques les plus injustes, — sinon les plus violentes : en effet, celles de M. Saint-Saëns, dont la haute autorité ne fait de doute pour personne, ne le cédèrent pas en virulence à celles des profanes.

Le Junius de l’Écho de Paris (dont nous regrettons d’ignorer l’identité), « ne connaissant rien de la composition, du contre-point, de la fugue », se bornait à avouer que « son cerveau latin, un pauvre petit cerveau latin de rien du tout, pas génial le moins du monde, était incapable de comprendre et, par conséquent, de goûter le génie wagnérien » (8 septembre 1914).

  1. Plusieurs de ces articles, plusieurs seulement, ont été reproduits dans une brochure portant le même titre. (Dorbon, éditeur, 1917.)