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richard wagner et la france

Faisant un grief à la famille Wagner de « drainer la plus forte somme de droits d’auteurs qu’un compositeur ait jamais touchée à Paris », M. Frédéric Masson le prenait de plus haut, tout en ressassant les lieux communs qui traînent dans la presse depuis cinquante ans :


Les Parisiens, insultés par cet homme pour n’avoir pas suffisamment applaudi sa musique, traînés dans la boue par lui, ont couvert de leurs bravos cette misérable rapsodie, les Maîtres-Chanteurs, où ils n’ont pas su même voir le pamphlet dirigé contre eux, ajoutait-il. Ils ont refusé de le comprendre ; ils ont déclaré cette musique géniale et ce misérable intangible et grand. Sur la place de l’Opéra, de braves Français ont manifesté contre le divin Wagner, et la police les a chargés.


Puis, à propos du Crépuscule des Dieux :


Pour faire entendre aux Parisiens une pièce d’une étonnante et puérile stupidité, le gouvernement autorisa, encouragea la violation la plus complète [sic] du cahier des charges de ce théâtre subventionné ; et le public dut se plier aux usages berlinois. Commencement du spectacle à six heures, interruption d’une heure pour une collation, reprise du spectacle à ventre plein ; quelque chose d’anti-français, de vulgaire et de grotesque ; quelque chose qui ne s’explique que moyennant de la choucroute et des saucisses de Francfort arrosées de bière et relevées d’une compote de quetsch au vinaigre. Cela se trouva être le comble de l’élégance et on ne tarit point sur la beauté de cette invention.

Quiconque s’avisa de protester ; quiconque demanda quelque indulgence pour nos musiciens français et leur trouva de l’esprit, de l’émotion, de la grâce et même de la grandeur ; quiconque revenant à ce qui fit la joie de nos