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richard wagner et la france

premier acte de la Götterdämmenung et commencé, trois jours plus tard, le second ; le 25 décembre, sublime aubade, il fait exécuter Siegfried-Idyll ; il terminera la partition même de Siegfried en janvier 71, vers l’époque du couronnement de Guillaume Ier à Versailles.

Si l’on veut se donner la peine de feuilleter sa correspondance, assez rare à cette époque, on y trouvera bien peu d’allusions aux événements contemporains. On peut relever cependant quelques mots sur la situation de l’Europe ; dans une lettre à Pusinelli, du 11 novembre :


On doit aujourd’hui étudier la situation de l’Europe, écrit Wagner à son ami, pour savoir dans quel monde on vit. J’avoue que si je ne voyais pas devant moi Moltke et larmée allemande, je ne saurais reconnaître ce qui me fait espérer. Je n’ai, par exemple, qu’à penser à une représentation à Dresde pour perdre aussitôt tout courage.


Un autre jour (25 novembre) s’adressant au même :


Il me semble, écrit-il, que toute la nation allemande ne soit faite que pour aider mes vues (c’est-à-dire la représentation de la Tétralogie). La lettre de Carlyle au Times


    M. Glaser, et de son père. Wagner était sehr hühl, au commencement, il a trouvé sa manière de chanter Isolde affreuse, mais a fait un sincère éloge de ses compositions. La petite Holmès était pâle et tremblante, plus rien de son aplomb, de sa peinture ni de ses toilettes. Une modeste robe noire et des révérences jusqu’à terre. Wagner supporte à peine les Mendès. Cependant il nous a chanté la fin de Siegfried, un duo d’amour titanique et tout neuf qui s’élance dans une espèce de Jodeln passionné. Nul mieux que lui ne donne l’idée de la musique. Mais s’il n’établit pas une tradition, ce génie, le plus grand que l’Allemagne ait eu, restera obscur pour la postérité. »