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la question wagner depuis la guerre

mands, nous rendre en vérité, par reflet, plus ridicules qu’eux-mêmes ; tandis qu’ils se montrent toujours originaux dans toutes leurs folies, nous, en les imitant d’une façon ignoble, tombons au-dessous du ridicule.


Si à ces explications, que personne encore ne lui demandait, on ajoute que Une Capitulation parut pour la première fois, avec cet avant-propos, en 1873, on voit que la soi-disant insulte à Paris assiégé tombe d’elle-même. Quant au « stupide pamphlet[1] », à « cette grossière diatribe qui voudrait être un pamphlet, et n’en a ni l’esprit, ni le mordant, ni surtout la légèreté, et dans lequel Wagner raillait avec un goût véritablement exquis les nobles et énergiques sentiments qui avaient animé la population parisienne pendant cette terrible époque du siège »[2], ses quarante pages, qui ont fait autant de bruit que dix partitions géniales, n’ont pas non plus la portée qu’on voulut bien leur attribuer. Qui d’ailleurs les avait parcourues, même après que l’auteur suisse du Voyage au pays des Milliards en eut révélé le titre — et une page — aux Français ?

Dès 1876, M. Adolphe Jullien, dans un article sur Mozart et Wagner à regard des Français, publié dans le Figaro, puis en 1881 dans le Guide musical, et réédité en brochure ; M. G. Servières, en 1886, dans son Wagner Jugé en France ; M. Kufferath, en 1893, dans le Guide musical encore, avaient tenté en vain de ramener les choses à leurs justes propor-

  1. Dandelot, Histoire de la Société des Concerts, p. 67.
  2. Noël et Stoullig, Annales du Théâtre, II, année 1876, p. 783-784. On voit que les adversaires de Wagner ne sont pas d’accord sur le genre dons lequel il faut ranger Une Capitulation.