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tions ; la calomnie, soigneusement entretenue par les intéressés, suivait son cours ; si bien que dès 1915, on n’eut rien de plus pressé que de la servir de nouveau au public. Il s’est même trouve enfin un éditeur (et un éditeur de musique !) qui a osé entreprendre ce par quoi on aurait dû commencer : publier la traduction loyale de Une Capitulation[1].

En guise d’avertissement, cette spirituelle annonce se lit sur la couverture :


Cette comédie à la manière antique fut écrite en octobre 1870.

Les Uns… disent qu’Une Capitulation est l’œuvre de haine d’un musicien sifflé.

Les Autres… affirment qu’elle n’est qu’une simple boutade.


Si la « question Wagner » avait été présentée ainsi, il y a quelque quarante ans, on peut affirmer que bien des malentendus eussent été évités.

La pièce elle-même tire son nom d’une réplique de Gambetta qui en indique bien nettement le sens. Le chœur qui vient saluer le départ de Nadar en ballon, sur la place de l’Hôtel-de-Ville, lieu de l’action, demande :


— Et les Allemands ?

— Ils sont avec les autres peuples, répond Gambetta. Ils ont capitulé et ils ne cachent pas leur joie de pouvoir reparaître dans nos théâtres.


Puis le chœur réclame de Perrin, directeur de l’Opéra, la réouverture du théâtre, et surtout le

  1. Alph. Leduc, éditeur, Paris, 1915.