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richard wagner et la france

Peu de chose ! Tout au plus quelques intempérances de langage qui ne prennent un peu de force que détachées de leur contexte, et dont aucun musicien n’est exempt, qu’il s’appelle Gluck, Mozart, Beethoven, Berlioz ou Saint-Saëns.

Malgré les preuves accumulées ici, avec quelque luxe de citations peut-être, nous ne nous llatterons pas d’avoir détruit une légende qui a pour elle l’ancienneté et l’autorité de défenseurs aussi ardents qu’intéressés.

Mais, que nos auteurs, que nos directeurs de théâtres lyriques et de concerts se tranquillisent : Wagner (ils doivent le savoir depuis Parsifal) est tombé dans le domaine public, — la même année que Meyerbeer ; plus un centime des droits perçus en France n’ira en Allemagne et point ne sera besoin, nous en sommes convaincus, d’aller outre-Rhin pour applaudir Wagner au théâtre. M. Saint-Saëns lui-même ne nous dissuadait-il pas jadis de fournir de l’argent à Bayreuth, — après avoir été des premiers pèlerins de la Mecque musicale ?

« Les maniaques qui ont besoin de se rappeler que Beethoven avait un grand-père belge pour écouter la sonate au Clair de lune », comme écrivait un jour le Z. des Débats[1], pourront, en toute tranquillité de conscience, entendre du Wagner au concert, et bientôt aussi, au théâtre. Leur or (si l’on peut dire) restera dans la caisse des Auteurs et Compositeurs français. Il ne passera le Rhin que s’ils se rendent à Wiesbaden, par exemple, dont le général Mangin, qu’on ne s’attendait pas à trouver en cette affaire, tenta

  1. 25 juillet 1915.