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Page:Prod’homme - Richard Wagner et la France, 1921.djvu/99

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la question wagner depuis la guerre

naguère de faire un nouveau Munich ; n’y a-t-on pas joué Wagner, Mozart, et même Richard Strauss, alors qu’on interdisait à Paris, de donner des fragments wagnériens aux concerts des Tuileries !

La « faillite momentanée » du wagnérisme, prédite par M. Georges Huë en 1915, a pris fin ; au concert du moins, elle a obtenu son concordat (au bruit de quels applaudissements !) et qui s’est soldé par de belles recettes. Mais était-il juste que, seul, l’auteur du Kaisermarsch fit les frais d’un patriotisme musical plutôt désuet ?

Hændel, pour son Te Deum de Dettingen ; Haydn, pour son hymne national autrichien ; Mozart, pour ses insultes peu déguisées à l’adresse des Français et des Françaises de son temps ; Gluck, à peu près pour les mêmes raisons ; Weber, pour ses chants patriotiques et cette Chasse de Lützow qui enthousiasmait les dilettantes « fashionables » de 1825, dix ans après les événements que l’on sait ; Beethoven, pour ses chœurs patriotiques de 1796, pour sa Victoire de Wellington, pour ses compositions de 1814, le Moment glorieux et autres ; Meyerbeer, pour ses Marches aux flambeaux, et notre Berlioz lui-même, pour avoir dédié son Traité d’instrumentation à un roi de Prusse, n’ont-ils pas mérité notre animadversion, et devront-ils disparaître en effigie de l’Opéra ? Meyerbeer à part, il est vrai, ni les uns ni les autres n’ont jamais fait beaucoup de tort aux compositeurs dramatiques français.