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Page:Promenade à Royat, ou le Guide de la vallée.pdf/22

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De la nature admirable caprice !
Tout se dispute ici nos regards incertains ;
Que ces sites sont beaux ! Que j’aime ces lointains,
Où sans se fatiguer, sur des attraits factices,
L’œil en se reposant trouve encore des délices !
Quelle profusion, quel luxe de beautés
Se présentent partout à nos yeux enchantés !

Ah ! devant ce tableau dont les yeux sont ravis,
Que sont, dis-moi, ces jardins retrécis,
Où l’art si follement outrage la nature ?
Dans ces cadres bornés dont la raison murmure,
Laissons la symétrie aligner à grands frais
Ces arbres mutilés, divisés en bosquets,
Où Flore sans appas, languissante, indignée,
Parmi les dieux des champs se voit emprisonnée.

Vois-tu, dans ces vergers, ces rochers suspendus,
Et qui sont dans leur chute à peine retenus.
Regarde autour de toi ce vaste amphithéâtre,
Qui couronne des monts le front chauve et grisâtre.
Quel contraste subit d’horreurs et de beautés !
D’un aspect rebutant nos yeux épouvantés
Viennent se reposer sur l’aimable verdure.

C’est pour le sage ici qu’à jamais la nature,
De ses convulsions et de ses changements
Elle-même a voulu dresser les monuments ;
Et dans ces lieux jadis en lambeaux déchirée,