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XVI
Préface

Seigneur devant les peuples ; je psalmodierai en présence des nations : car votre miséricorde est grande au-dessus des cieux, et votre vérité au delà des nuages [1]. D’autres fois, si, recueillant ses sens, il est entré dans les puissances du Seigneur[2], alors dans sa méditation même s’allume le feu[3] d’une sainte ivresse ; et pour soulager l'ardeur qui le consume, il éclate encore par un cantique : Mon cœur, dit- il, a conçu une parole excellente ; c’est au Roi même que je dédie mes chants ; et il redit la beauté de l’Époux vainqueur et les grâces de l'Épouse[4]. Ainsi, pour l’homme de Contemplation, la prière liturgique est tantôt le principe, tantôt le résultat des visites du Seigneur.

Mais elle est surtout divine en ce qu'elle est à la fois le lait des enfants et le pain des forts ; en ce que, semblable au pain miraculeux du désert, elle prend à la fois tous les goûts de ceux qui s’en nourrissent. Ceux même qui ne sont pas du nombre des enfants de Dieu, admirent quelquefois en elle cette incommunicable propriété, et conviennent que l'Église Catholique seule connaît les mystères de la prière, et c’est parce qu’il n’y a pas à proprement parler de prière liturgique chez les protestants, qu’ils n’ont pas non plus d’écrivains

  1. Psalm. cvii 2.
  2. Ibid. lxx.
  3. Ibid. xxxviii.
  4. Ibid. xliv.