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xv
Générale.

Que l’âme épouse du Christ, prévenue des désirs de l’Oraison, ne craigne donc point de se dessécher au bord de ces eaux merveilleuses de la Liturgie, qui tantôt murmurent comme le ruisseau, tantôt, comme le torrent, roulent en grondant, tantôt inondent comme, la mer ; qu’elle approche et boive cette eau limpide et pure qui jaillit jusqu’à la vie éternelle[1] ; car cette eau émane des fontaines mêmes du Sauveur[2], et l’Esprit de Dieu la féconde de sa vertu pour qu’elle soit, douce et nourrissante au cerf altéré[3]. Que l’âme séduite par les charmes de la Contemplation, ne s’effraie point non plus de l’éclat et de l’harmonie des chants de la prière liturgique. N’est-elle pas elle-même un instrument d’harmonie sous la touche divine de cet Esprit qui la possède ? Certes, elle ne doit pas entendre le céleste Colloque autrement que le Psalmiste lui-même, cet organe de toute vraie prière, avoué de Dieu et de l’Église ? Or, n’est-ce pas à sa harpe qu’il a recours, quand il veut allumer dans son cœur la flamme sacrée, et qu’il dit : Mon cœur est prêt, ô Dieu ! mon cœur est prêt ; je chanterai donc, je ferai retentir le psaume. Lève toi, ô ma gloire ! lève-toi, ô ma harpe ! Dès le matin, je m’éveillerai ; je vous chanterai,

  1. Joan. iv. 14.
  2. Isaï. xii. 3.
  3. Psalm. ixii 2.