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L’avent

à réveiller dans l’esprit des fidèles de son diocèse la haute idée que les chrétiens avaient autrefois du saint temps de l’Avent, et à combattre un préjugé répandu dans cette contrée, savoir que l’Avent ne regardait que les personnes religieuses, et non les simples fidèles. Il montre que cette assertion, à moins qu’on ne l’entende simplement du jeûne et de l’abstinence, est à proprement parler téméraire et 'scandaleuse, puisqu’on ne saurait douter qu’il existe dans les lois et les usages de l’Église universelle tout un ensemble de pratiques destinées à mettre les fidèles dans un état de préparation à la grande fête de la Naissance de Jésus-Christ.

L’Église grecque observe encore le jeûne de l’Avent, mais avec beaucoup moins de sévérité que celui du Carême. Il se compose de quarante jours, à partir du 14 novembre, jour où cette Église célèbre la fête de l’Apôtre saint Philippe. Pendant tout ce temps, on garde l’abstinence de la viande, du beurre, du lait et des œufs ; mais on y use de poisson, d’huile et de vin ; toutes choses interdites durant le Carême. Le jeûne proprement dit n’est d’obligation que pour sept jours sur les quarante ; et tout l’ensemble s’appelle vulgairement le Carême de saint Philippe. Les Grecs justifient ces adoucissements, en disant que le Carême de Noël n’est que de l’institution des moines, tandis que celui de Pâques est d’institution apostolique.

Mais, si les pratiques extérieures de pénitence qui consacraient autrefois le temps de l’Avent, chez les Occidentaux, se sont peu à peu mitigées, en sorte qu’il n’en reste plus maintenant aucun vestige, hors des