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YVETTE PROST

fleurs, l’emplacement d’un temple et la place probable du stade romain. Il ajouta :

— La partie où est située votre villa fut occupée par un temple dédié à l’Astarté phénicienne ; certains ornements symboliques en verre, retrouvés en remuant le sol, ne laissent aucun doute à ce sujet. Tous les dieux antiques furent adorés sur ce coin de terre. Madame, vous pourrez, si vous avez le goût des évocations littéraires, rééditer, au clair de lune, sur votre balcon, les oraisons de Salammbô à la déesse Anaïtis-Astarté.

Mme Horsel répondit :

— Il n’est pas impossible, monsieur, que je me livre à ces évocations et invocations.

Ce soir-là, l’hôtesse de la petite villa s’attarda longtemps à son balcon. Si elle n’invoqua point Astarté, elle pensa beaucoup à la famille Galliane. Ces gens, qui semblaient si sereinement se suffire à eux-mêmes et ne rien désirer, lui inspiraient une curiosité extrême.

Deux jours plus tard, elle trouva un prétexte pour retourner à la villa. Elle n’y rencontra que les deux femmes : la mère, charmante et bonne sans réserve ; la bru, très grande dame, irréprochablement accueillante — avec beaucoup de réserve. À la déception qu’elle éprouvait, Diane comprit que celui qu’elle avait souhaité revoir, c’était l’absent.

La jeune femme s’arrêtait volontiers au milieu des allées pour causer avec les ouvriers, leurs femmes, leurs enfants. Elle s’entretenait aussi avec les petites gens des cabanes de l’Almanarre. Habitude du reportage ? déformation professionnelle ? Diane Horsel était toujours occupée à mener quelque enquête et elle le faisait avec une incomparable habileté, obtenant tous les